Déplacement à la rencontre des Français de Bolivie du 12 au 17 avril 2013
Pays andin de 11 millions d’habitants pour une superficie de deux fois la France, la Bolivie est un état méconnu ou mal connu des Français. Pourtant, plus de 1400 de nos compatriotes y résident. Ceux que j’y ai rencontrés aiment la Bolivie et y sont très attachés. Venus pour un ou deux ans, beaucoup s’y sont installés et y ont fondé une famille.
La Bolivie est un pays enclavé. C’est à plus de 20 heures de voyage en avion de Paris. La Paz est une capitale improbable, c’est une ville dans la montagne. Et quelle montagne! Une capitale où les routes montent ou descendent avec des pentes de 10 à 15%. A près de 4000 mètres d’altitude, monter quelques marches, faire quelques pas, est un dilemme pour nous habitants des plaines. L’oxygène est rare, le souffle est court. 30 % d’oxygène en moins, le cœur s’affole.
Santa Cruz
Lundi 15 avril. Brigitte Saiz, conseillère à l’Assemblée des Français de l’Etranger pour les pays andins et moi prenons le vol de 7h30 pour Santa Cruz. C’est la capitale économique de la Bolivie. Une luminosité intense. Un climat tropical que je reconnais. Et … 400m d’altitude. La plaine. Nous sommes accueillies par M. Coutant, Consul honoraire qui a la charge d’un consulat qui compte plus de 400 compatriotes enregistrés. M. Coutant nous conduit dans les splendides locaux du consulat. L’architecture est belle, les espaces sont fonctionnels et aménagés avec goût et simplicité.
Permanence consulaire
Brigitte Saiz et moi avons désiré tenir d’abord une permanence consulaire. Nous recevons une dizaine de compatriotes. Monsieur le Consul les connait tous. Je suis frappée par la diversité de leur situation mais la plupart sont des résidents de longue durée ou peuvent le devenir car habiter Santa Cruz est un vrai choix.
Déjeuner de travail
Monsieur le Consul a organisé un déjeuner avec des opérateurs économiques de Santa Cruz, en particulier M. José Ignacio Sanz qui représente Total et M. Marcel de la Vega, Responsable des affaires administratives et financières. D’autres activités sont représentées, comme les assurances ou la responsabilité sociale dans l’activité minière. M. Lejeune, directeur de l’école homologuée, M. Boulanger directeur de l’alliance et la fondatrice d’une association d’entraide pour les Français en difficulté sont également présents. Ce déjeuner auquel Brigitte Saiz et moi participons est très instructif sur la situation économique de la ville. Elle est caractérisée par un développement rapide et dynamique.
Visite d’une entreprise française
En début d’après-midi, nous sommes reçus chez Total où les activités de l’entreprise dans la région nous sont présentées par l’équipe de direction. Nous découvrons plusieurs lots d’exploitation ou d’exploration. Du gaz a été trouvé et l’exploitation est prévue l’année prochaine. Cela entraînera une montée en puissance de Total en Bolivie avec l’arrivée prévue de 20 expatriés. La présentation faite par Total est très axée sur la responsabilité sociale et environnementale ainsi que sur le développement durable… M. Sanz se désole de l’image déplorable de Total dans l’opinion publique alors que selon lui, Total est une entreprise responsable qui évalue l’impact de son activité en terme social et environnemental. Mon appartenance au groupe écologiste du Sénat ne doit pas être pour rien dans l’axe choisi lors de cette présentation !! La région d’exploitation de Total est peuplée de populations « indigènes » (terme employé par nos hôtes et utilisé communément en Bolivie) qui sont très respectées depuis l’arrivée au pouvoir d’Evo Morales. Les indiens ont des instances représentatives chargées de négocier avec Total, il y a également des représentants locaux. Total nous explique qu’une de leur direction est chargée du développement durable pour identifier les besoins des indigènes selon des orientations établies (eau, éducation développement local, égalité des genres…). Cette « belle » présentation me laisse évidement néanmoins perplexe …
Alliance française
Nous poursuivons par une courte halte à l’Alliance française qui partage un très bel édifice avec patio avec le Goethe Institut. Si la cohabitation des deux organismes culturels a longtemps été montrée en exemple par souci de mutualisation des tâches et des charges, il semble qu’aujourd’hui elle fonctionne moins bien. En outre, l’espace est aujourd’hui étroit. Les cours de français peuvent en effet se développer dans cette ville qui compte 24 universités. Actuellement l’Alliance de Santa Cruz compte environ 300 apprenants et elle pourrait en ambitionner 500 avec un peu de démarchage auprès des universités et si les locaux permettaient une montée en puissance. L’antenne de Campus France a été fermée.
Visite d’une école franco-bolivienne
Nous terminons par l’école homologuée franco bolivienne. M. Lejeune nous fait le tour de ces deux hectares sur lesquels des bâtiments sont intelligemment agencés par un architecte de talent. M. Coutant a beaucoup fait pour l’école. 368 élevés sont actuellement scolarisés de la maternelle à la terminale. Seules la maternelle et la primaire sont homologuées. La demande d’homologation du collège est en cours. Une enseignante rencontrée se plaint de l’impossibilité de détachement dans les écoles homologuées où seul le détachement administratif est possible. Il est ainsi difficile, pour un titulaire de rester plus de trois ans, sans sacrifier l’évolution de sa carrière et des retards dans les cotisations pour la retraite. La direction est parfaitement consciente de la rotation rapide des personnels titulaires.
La Paz
Visite de l’alliance française
Retour sur la Paz par le vol du soir. Le lendemain matin, nous visitons l’Alliance française de La Paz. Le directeur dynamique et alerte nous conduit dans ce bâtiment moderne de trois niveaux. Les cours de langues sont bien fréquentés avec des perspectives de progression. L’espace campus France est animé par une personne très compétente dont le poste est malheureusement menacé. Comment alors faire progresser le nombre d’étudiants boliviens en France si l’activité de campus France est assurée à temps partiel pour La Paz et Santa Cruz?
Visite du lycée français
Au Lycée français de la Paz, nous sommes accueillies par le directeur de l’école, la gestionnaire et le conseiller de coopération. L’établissement est établi sur 5 hectares dans un quartier agréable de La Paz en contrebas de la ville. Vue superbe sur les Andes. L’établissement est bien conçu. Plusieurs classes de maternelles se distribuent autour d’un préau couvert qui permet de tenir le rôle de cour de récréation en cas de pluies. Les espaces verts sont nombreux. Un collègue du primaire nous expose son projet pour développer la culture scientifique auprès des petits. « La main à la pâte » a eu beaucoup de succès dans les établissements. Du côté lycée et collège, l’espace est également bien valorisé. Un grand gymnase abrite la station fm la Paz de Rfi. Un nouveau local est en cours de construction pour la chaîne de radio. Cette alliance permet aux élèves d’élaborer des projets en liaison avec la radio ou les techniques de communication.
Visite de l’IRD
A la représentation de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), nous sommes accueillis par le représentant M. Francoud. Plusieurs chercheurs ont pris de leur temps pour échanger avec nous. J’explique l’objet de la mission d’information commune sur l’action extérieure de la France en matière de recherche pour le développement que j’ai initiée dans le cadre du droit de tirage du groupe écologiste. Il s’agit de documenter la recherche scientifique à l’extérieur de la France en matière de développement et d’aboutir à des recommandations de sorte que les partenariats soient encore plus équilibrés, efficaces et efficients pour les différentes parties. 27 chercheurs de l’IRD sont en poste en Bolivie, la plupart ont leur bureau à l’Université. Les programmes de l’IRD sont nombreux en Bolivie et dans les pays andins. Ils touchent en particulier les questions de réchauffement climatique (les glaciers ont reculé de 40% depuis 30 ans), la question de l’eau dans les Andes, où la saisonnalité est très marquée et l’impact de l’exploitation agricole et minière sur l’environnement. Au déjeuner organisé par M. l’Ambassadeur, Brigitte Saiz et moi avons l’occasion de rencontrer plusieurs personnalités de la communauté française.
Autres photos de ce déplacement