Déplacement au Bénin, organisé par Ceradis, Avocats pour la santé dans le monde et Aides, du 24 au 30 avril 2013

A l’initiative des associations Aides France, Avocats pour la santé dans le monde France et Ceradis Bénin, cinq députés : Chantal Guittet, Danièle Hoffman-Rispal, Jean-François Mancel, Martine Pinville, Jean-Marie Tétart, et moi, sommes allés en voyage d’étude au Bénin pour appréhender le travail réalisé sur le terrain par le Fonds Mondial auquel la France est un grand contributeur.

L’objectif de ce voyage d’études est de sensibiliser les parlementaires aux problèmes de santé des pays du sud (SIDA, tuberculose, paludisme) à travers l’exemple du Bénin, ainsi qu’à la défense du maintien de la contribution française au Fonds Mondial.

L’organisation du séjour a été particulièrement bien pensée. Les organisateurs ont su également s’adapter en permanence aux aléas et aux modifications de programme de dernière minute. En ce sens, l’insertion de Ceradis dans les réseaux et sa bonne connaissance des différents acteurs a été un atout majeur de réussite de la mission d’études.

 

En quelques jours, nous avons visité plusieurs établissements médicaux et eu de nombreux entretiens.

Le centre national de dépistage de  la tuberculose traite plus de 4000 nouveaux cas par an. 85% des malades sont très contagieux. On compte deux hommes malades pour une femme. Le fonds mondial contribue pour environ 80% du budget de l’établissement. Les performances sont excellentes puisque l’on compte 90% de succès thérapeutiques, ce qui correspond aux objectifs.  La co-infection  est prise en charge et correspond à 16% des malades. Les soins sont gratuits grâce au Fonds Mondial. Toutefois, le directeur regrette que la recherche dans son centre soit limitée, que le financement soit dépendant de l’extérieur, que les interventions auprès des groupes à risques demeurent insuffisantes et que la mobilisation sociale reste difficile. Cet établissement hospitalier nous fait une excellente impression par la qualité de son management, l’entretien et l’équipement des locaux. Le circuit par lequel passe les patients est également très bien organisé.

Le centre national hospitalier universitaire (CNHU) au contraire nous paraît beaucoup moins performant. Si les équipes médicales sont mobilisées, l’entretien des locaux, la propreté des lieux et l’efficacité globale de la prise en charge nous semblent bien moindre que dans l’établissement médical précédent. En particulier, nous sommes choqués par la rupture des stocks de médicaments dans la pharmacie du CNHU. Certains ARV de première ligne et même de seconde ligne ne sont pas disponibles. La responsable de la pharmacie nous explique que cela arrive régulièrement en raison de la complexité des procédures pour que les ARV soient acheminés et distribués dans le pays par la centrale d’achat. Par exemple, les normes de qualité sont validées par un cabinet canadien et le processus prend de 2 à 3 mois.

Nous avons également rencontré le Comité National de Lutte contre le Sida (CNLS), qui a été créé en 2002, ainsi que la personne responsable du Programme National de lutte contre le Sida. Au Bénin, le taux de prévalence est de 1,2%, ce qui place le dans la catégorie des pays peu infectés. En 2008, 12 000 personnes étaient prises en charge alors qu’en 2012, 26 000 ont pu l’être.

Au Ministère de la santé, nous sommes d’abord reçus par le cabinet de la Ministre. Après s’être rendue à l’Assemblée Nationale pour les questions au gouvernement, Madame la Ministre de la santé a pu nous rejoindre. Le problème de l’approvisionnement en ARV et des ruptures des médicaments pour les malades est abordé. La complexité des procédures est évoquée. Le Bénin est en train de mettre sur pied un régime d’assurance maladie universel (RAMU) qui a été lancé en décembre 2011. Des cotisations pour les salariés proportionnelles au revenu et des cotisations forfaitaires dans le secteur informel permettent de financer la couverture sociale. A ce jour, les césariennes et les soins liés au paludisme pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans sont gratuits. Le Ministère de la santé vient de lancer une campagne d’envergure, dénommée « opération 120 jours », pour équiper les hôpitaux du Bénin. Le RAMU a beaucoup progressé. Le ministère de la santé compte 800 fonctionnaires dont 80 médecins dans les services centraux.

 

Nous avons été reçus par l’Ambassadrice de l’Union Européenne. Le Fonds Mondial représente 1/3 du budget de la santé.

Nous avons également été reçus par M. Monchau Ambassadeur de France, avec la première conseillère, le conseiller de coopération et l’Afd.

 

Une dernière journée a été consacrée à la visite de Ouidah, commune située à quelques kilomètres  de Cotonou qui, en 1992, a bénéficié d’une aide de l’UNESCO pour commémorer les siècles de traite négrière. La Porte du non retour, plusieurs monuments et stèles, le musée de la ville, la forêt sacrée permettent à la fois d’honorer la mémoire des hommes enlevés du continent par les négriers et les croyances animistes vivaces. Nous avons également été reçus par le maire de Ouidah qui a organisé un déjeuner chez lui avec les élites de la ville.

 

Au total, cette mission d’études a permis aux parlementaires de mieux cerner les mécanismes liés au fonds mondial, à la lutte contre le sida, la tuberculose et dans une moindre mesure contre le paludisme. Les associations ont sensibilisé les parlementaires à la défense du niveau actuel de la contribution de la France au Fonds Mondial. A vrai dire, de mon point de vue, l’enjeu était mince puisque des parlementaires qui acceptent un voyage d’études de 5 jours ont toutes les chances d’avoir a priori une sensibilité particulière au sujet. Ce voyage a été néanmoins utile pour mieux appréhender la complémentarité des acteurs ou leurs difficultés à travailler ensemble. En effet, les procédures mises en place par le Fonds Mondial sont relativement complexes et lourdes de façon à s’assurer que l’aide internationale parvienne bien aux populations ciblées. Néanmoins, dans des pays où l’organisation du système de santé connaît déjà des défaillances,  la complexité du système Fonds Mondial qui vient se surimposer à un système national déjà mal structuré, ajoute des dysfonctionnements. Ainsi, il n’est pas étonnant que les États bénéficiaires aient des difficultés à consommer les crédits et les bailleurs à les décaisser.

D’autre part, le rôle éminent des associations dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH, dans la prévention des maladies, dans l’éducation et la sensibilisation a été révélé de façon très claire par la mission d’étude. Les associations ont une connaissance de la population et peuvent intervenir au plus près de leurs besoins et au plus près de chez elles, ce qui dans un pays pauvre est un avantage lorsque l’on sait la difficulté pour les personnes à trouver de quoi se déplacer.

Enfin, ce déplacement de travail m’a permis de conforter mon sentiment que les efforts du sud pour l’organisation, l’accueil et la facilitation de l’intervention des pays du nord, ne sont pas toujours assez reconnus par les acteurs du nord.

Je tenais enfin à remercier sincèrement l’association Ceradis qui a permis la bonne tenue et la bonne organisation de la mission d’études, ainsi que les  associations Aides et Avocats pour la santé dans le monde par leur éclairage sur les mécanismes de lutte contre le sida.

 

Vous trouverez ci dessous des photos de ce déplacement :

 

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