Mon interview pour RUE 89 : une manière de me connaître autrement.

Rue 89 a posé une série de questions, mises en ligne le  6 mars 2013, aux députés et sénateurs pour mieux faire leur connaissance. J’ai ainsi répondu avec intérêt à leurs questions. Le résultat de l’interview sous la forme d’une application interactive permet d’offrir un autre regard sur nos parcours, motivations et parfois déceptions de parlementaires.

Pour aller sur l’application cliquez ICI.

 

RUE89APPLICATIONINTERACTIVE

Une interview réalisée par Mathieu Deslandes Rue89 / politique. Complétez cette phrase : « Le cumul des mandats, c’est… »

…la concentration des pouvoirs. De même que le législatif et l’exécutif sont séparés, les mandats électifs ne devraient pas se cumuler tant que les journées n’ont que 24 heures.

Accepteriez-vous que l’utilisation de votre indemnité soit contrôlée ?

Oui, je pourrais tout à fait accepter qu’elle soit contrôlée par une autorité ou par une administration indépendante.

Quelle généralité souvent entendue sur « les politiques » vous agace le plus ?

« Tous pourris », « Ils se la coulent douce aux frais de la princesse »… Ce qui m’agace c’est cette attitude anti-politiques, souvent primaire et souvent antiparlementariste qui rappelle certains moments de la IIIe République.

 

Dans quelles circonstances avez-vous eu envie de faire de la politique ?

L’engagement est une sorte d’engrenage.

Quand on y met le doigt… J’ai commencé par être une citoyenne engagée, syndicalisme, vie associative, militantisme à Français du Monde-ADFE qui est la grande association de Français à l’Etranger avec une sensibilité de gauche diversifiée. Ensuite, j’ai été élue à l’Assemblée des Français de l’Etranger (AFE). Puis, j’ai adhéré à Europe Ecologie. Lors des dernières sénatoriales de 2011, j’étais troisième sur la liste PS-EELV des Français de l’Etranger. Je n’ai pas été élue mais quand Hélène Conway- Mouret a été nommée au gouvernement, je l’ai remplacée au Sénat.

Dans quelles circonstances vous êtes-vous dit que vous étiez fait pour la politique ?

Je ne me suis jamais dit que je suis faite pour la politique ; tout au moins ni plus ni moins que tout citoyen(ne).

Quelle est la motivation la plus courante selon vous de l’entrée en politique : « être quelqu’un » ou « faire quelque chose » ?

La motivation la plus courante, me semble-t-il est de « faire quelque chose ».  Dans le domaine politique, on est dans l’action, si possible pour le plus grand nombre.

Les questions récurrentes portent sur le comment faire, quelles stratégies adopter pour atteindre tel ou tel objectif. Lorsque je suis revenue à Paris, j’ai été frappée par le fait que tout le monde se pense quelqu’un et est convaincu d’être quelqu’un. Du pays d’où je viens, le Cameroun, où j’ai habité 25 ans, on pose régulièrement la question « Toi, c’est qui? » ou « Tu es qui? », ce qui revient à se demander « pour qui il se prend celui-là? », ce qui permet de garder quelque humilité.

Pour quelles raisons, selon vous, avez-vous été élu ? (Votre adversaire était-il particulièrement mauvais ?)

J’ai été élue sur une liste paritaire avec alternance femme / homme correspondant à la majorité présidentielle actuelle et représentative des différents lieux d’implantation dans le monde des Français de l’étranger.

C’est donc cette liste et parce qu’elle représentait de nombreux équilibres qui a obtenu un bon score. Votre question correspond à un suffrage majoritaire et non à un scrutin de liste où l’on vote pour des complémentarités avec une logique collective.

Qu’est-ce que vous vous êtes juré de ne jamais faire au cours de ce mandat ?

De ne rien faire qui m’empêche de me regarder en face dans un miroir.

Sur quel sujet concret voulez-vous être jugé par vos électeurs ?

Le fait d’avoir rapproché les droits des Français hors de France de ceux des Français de France.

Dans tout ce que votre mandat vous conduit à faire, qu’est-ce qui vous déplaît ?

De ne plus résider au Cameroun. Pour le reste, c’est passionnant

Quel autre poste aimeriez-vous occuper ? (Langue de bois interdite)

Mon poste de professeur d’histoire géographie au lycée Fustel de Coulanges à Yaoundé et de directrice de la Fondation Paul Ango Ela de géopolitique en Afrique centrale.

Quelle a été la plus grosse erreur de votre parcours politique ?

D’avoir fait confiance à une personne qui ne le méritait pas.

Qui est votre modèle en politique ? Pourquoi ?

La démocratie athénienne du Vème siècle avant JC.

Pouvez-vous dire du mal de Pierre Mendès France ?

S’il a terminé la guerre d’Indochine, c’est lorsqu’il était président du Conseil que la guerre d’Algérie a débuté.

Pouvez-vous dire du mal de Charles de Gaulle ?

Il a tellement mal compris mai 68 qu’il en est parti.

Qui, jusqu’ici, a été le meilleur Premier ministre de la Ve République ?

Lionel Jospin probablement.

Quel adversaire de votre génération admirez-vous ?

Alain Juppé, qui est un esprit brillant. Quoiqu’il ne soit pas tout à fait de ma génération.

Qu’est-ce qui vous désespère dans votre famille politique ?

Les procès d’intention.

Pourquoi les politiques se croient-ils spirituels quand ils citent René Char ?

Ils ont l’impression de faire de la poésie.

Qu’est-ce que le pouvoir a changé en vous ?

Justement, j’espère qu’il n’a rien changé pour moi et que cela continuera ainsi.

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